Faire du théâtre…

Cela pourrait être s’asseoir quelque part en bordure du monde et contempler ensemble ces secondes qui durent le temps que met une fée, un poisson ou un animal sauvage pour nous émerveiller et disparaître.

Ce serait tenter d’étirer ces quelques secondes et de leur donner la forme d’un spectacle pour que nous puissions y vibrer à l’unisson…

Contempler cette autre chose qui est possible… s’y reconnaître, s’y sentir invité, encouragé, sentir combien ces secondes nous appartiennent et combien il serait exaltant et magique de les prolonger.

Se rappeler ensemble que créer n’est pas l’apanage des seuls artistes, que créer cela s’appelle aussi : grandir, vivre, vieillir, éduquer, travailler, s’épanouir, aimer… que c’est une affaire qui peut prendre de l’ampleur, que c’est une affaire de courage et de joie, de douceur et de foi… que nous sommes unis par notre désir de laisser une chance à la beauté, à l’inconnu, à l’aventure, à tout ce qui nous échappe et vibre en nous…

Sentir que ce temps que met une fée, un poisson ou un animal sauvage pour nous émerveiller et disparaître est accueilli quelque part dans ce lieu magique qu’est le for intérieur du public, cet endroit de fine intelligence et de sensibilité, cet endroit intime où il ressent, pèse, soupèse, se nourrit ou refuse, s’ennuie, se délecte, rêve de sa vie et parfois la réinvente…

Se souvenir qu’une image, une phrase, une émotion peut être une révélation ou une graine et parfois ouvrir une porte par laquelle se faufile une idée nouvelle, une prise de conscience, une envie, une décision ou un refus…

Se rappeler encore que cela ne dépend pas forcément de nous mais que cela dépend aussi de nous.

Donner à notre travail ce but ultime : présenter à l’âme du spectateur une nourriture qui lui permette de retourner dans sa vie encouragé, rasséréné, plus vivant, plus libre et plus joyeux.

Quelle ambition ! Et quelle folie ! Mais quels enjeux formidables, n’est-ce pas ?

Et ne ressent-on pas combien, par les temps qui courent, il est urgent et nécessaire de faire face à ces enjeux, de les porter, d’en faire une cause commune ?

Voilà c’est à mon sens tout cela : faire du théâtre.

C’est de ce rendez vous dont nous rêvons, c’est à cette chose que nous nous préparons.

Vincent Clergironnet

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